En 2017, on a rencontré un couple de passionnés, Ana et Bruno de Cenas à pedal, qui nous a proposé de participer à l’édition zéro du festival secret des voyages à vélo au Portugal ;). Par une belle journée d’octobre, une trentaine de cyclistes a pris d’assaut la gare de Santo Apolonia à Lisbonne. On a rempli un compartiment entier avec nos vélos – ce qui n’est absolument interdit mais surtout très inhabituel pour les contrôleurs de train portugais – et nous voilà partis pour la petite gare de Santana-Cartaxo, au bord du fleuve Tejo. De là, on a roulé une quinzaine de kilomètres jusqu’à la Herdade da Hera qui nous a accueillis pour la nuit. Les mieux équipés ont campé, les autres (nous) ont pris l’option glamping dans un tipi.
Pendant deux jours, on a partagé des récits d’aventure, visionné des films de voyage, échangé des astuces, présenté des outils de navigation et recommandé du matériel pour faciliter et encourager le voyage à vélo. Bon, nous on a surtout écouté et appris plein de choses. On a rencontré 3 couples avec des enfants qui avaient de l’expérience en la matière et qui nous ont sacrément donné envie de tenter l’expérience. Jusque là, on n’avait pas encore fait de vraie sortie à vélo au Portugal. L’absence de canaux et le manque d’information ne nous avaient pas encouragés à entreprendre un voyage à vélo comme on avait pu le faire en France. Après ces deux jours de rencontres et d’échanges, on n’avait plus qu’une idée en tête : préparer nos sacoches, charger nos vélos et partir à l’aventure. L’envie était là mais il nous restait encore plein de questions pratiques à élucider : Combien de jours partir ? Quelle époque de l’année est la plus favorable ? Quel trajet choisir ? Est-ce que notre aînée peut pédaler ? Quel matériel emporter ? Comment charger les vélos ? Et surtout combien de culottes prendre ? On a fait appel à une famille d’experts pour nous aider à préparer ce premier grand voyage à vélo au Portugal avec nos 2 enfants de 4 et 7 ans. Dans cet article, je vais vous présenter le voyage en lui-même ; je vous parlerai du matériel nécessaire à ce voyage à vélo en famille dans un prochain.
Evora > Tavira en 11 jours à Pâques
Jour 1 : Oeiras > Graça do Divor – 22km – Dénivelé 185+
On a pris un premier train à 6h30 en bas de chez nous à Oeiras jusqu’à la gare de Cais do Sodré à Lisbonne. On a roulé 10 km jusqu’à la gare d’Oriente. On a choisi la gare de départ du train pour faciliter le premier chargement qui a été d’ailleurs un peu stressant car on n’avait pas prévu assez de marge et qu’il a fallu emprunter des ascenseurs trop petits avec nos vélos…. On est arrivés 1h30 plus tard à Evora d’où l’on a suivi l’ecovia jusqu’au Monte da Oliveirinha. On avait réservé nos logements à l’avance et choisi d’alterner 2 nuits de camping sauvage avec 1 nuit en hôtel ou chambre d’hôte confortable avec dîner sur place.
La vue du Monte est très belle. Il y a des chevaux tout autour. Les enfants vont caresser les poulains et jouer dans les champs avec les enfants de la maison. On dîne au gite. Sympa !
Jour 2 : Graça do Divor > Montoito 43km – Dénivelé 270m+
On avait fait un test avant le voyage et on en avait conclu que notre fille de 7 ans, qui est assez sportive, pouvait pédaler une vingtaine de km par jour. On roule tranquille et on trouve toutes les excuses pour faire des pauses. On fait la chasse aux caches de geocaching, qui est une activité très efficace pour prévoir des pauses et donner des objectifs à notre fille. Les autres 20km, je place les 2 enfants à l’arrière de mon super vélo cargo électrique et je tracte le vélo de notre fille. Facile !
On fait des petites courses à Canavais pour pouvoir pique-niquer dans les champs. J’avais repéré à l’avance qu’il n’y avait pas d’autre supérette avant Montoito. Il faudra faire de même pour le reste du voyage car certaines zones sont très dépeuplées. Vous trouverez toujours un café pour vous servir à manger dans le moindre village mais il n’y aura pas toujours de quoi faire des courses.
Le temps est radieux et la route est tranquille par les itinéraires bis. On se trouve un charmant champ d’oliviers à l’entrée du village de Montoito où l’on plante notre tente parmi les iris et les coquelicots. On n’est pas mal. On prend les vélos (déchargés) pour aller dîner au restau A Lareira. Bien que j’avais vérifié les horaires au préalable, la cuisine est fermée quand on arrive vers 19h… Mais l’hospitalité des portugais ne se dément pas ; ils la rouvrent pour nous. La moitié du village se réunit au fur et à mesure au comptoir. On passe une belle soirée. On rentre de nuit et on peine à retrouver notre tente dans le champ ! De nuit, tous les oliviers se ressemblent !
Jour 3 : Montoito > Mourão 50km – Dénivelé 340m+
Les lendemains de camping sauvage, on est réveillés tôt. Mais on aime prendre notre temps pour se lever en jouant au Uno dans la tente pendant que la rosée matinale sèche dehors. Plier la tente n’est pas une tâche pénible ; elle est très facile à monter et à démonter. Nos bagages sont aussi très pratiques et on prend vite la main pour charger les vélos. Pendant que la toile de tente sèche, les enfants courent et font des bouquets. Ces matinées dans la nature sont très agréables et démarrent nos journées en douceur. On ne décolle jamais avant 10h30 après un petit-déjeuner au café du coin.
On roule parmi les vignes. Pauses geocaching et petites courses à Reguengos de Monsaraz avant d’entamer l’ascension vers Monsaraz. De là-haut, la vue est sublime et l’effort fourni amplifie cette sensation.
La descente est grisante et la traversée du pont du lac d’Alqueva est impressionnante. On se baigne à la plage fluvial de Mourão où l’on comptait dormir. Mais l’endroit est trop exposé et on peine à trouver un plan B. Les champs sont clôturés et les bords du lac inaccessibles.
On finit par demander conseil à des mamies, qui nous dirigent vers les douves du château. Parfait ! On charge nos batteries pendant le dîner au restau et on dort comme des châtelains !
Jour 4 : Mourão > Moura 37km – Dénivelé 330m+
On longe le lac d’Alqueva et on traverse d’immenses champs de chênes et d’oliviers.
On arrive au très bel hôtel de Moura. On comptait sur eux pour faire notre lessive mais ils n’offrent pas le service moins de 24h. Mauvaise surprise. Mais coup de bol, il y a un supermarché pas loin avec un lavomatic. Ce n’est quand même pas très pratique.
Jour 5 : Moura > Vila Nova de São bento 43km – Dénivelé 327m+
Jusque là, on avait très peu de circulation sur la route. Ce matin, on a quitté Moura par la nationale et le trafic est un peu plus dense. C’est assez désagréable. On déjeune au O Trindade à Pias, où le serveur nous explique comment éviter la nationale en prenant les petites routes par le Vale do Vargo. On suit son conseil et on n’est pas déçus. C’est un peu plus long mais bien plus agréable.
Ce soir, on campe à nouveau dans un champ d’oliviers à la sortie de Vila Nova de São Bento. Le serveur nous avait parlé du lac do Viegas un peu plus à l’écart mais on n’a pas le courage de faire à nouveau un détour.
Jour 6 : Vila Nova de São bento > Mina de São Domingos 43km – Dénivelé 327m+
Ce sixième jour sera un des plus beaux du voyage. On se réveille avec un lever de soleil à couper le souffle.
J’avais repéré qu’il n’y avait pas beaucoup de points d’eau sur la route ; il fallait donc qu’on fasse le plein dans une ferme avant de quitter la route principale. On a aperçu Maria dans sa cour, à qui on a demandé de l’eau qu’elle nous a évidemment donné. Puis elle nous a proposé un café, qu’on a failli refuser. Mais on a le temps et il est si gentiment proposé qu’on l’accepte. On demande alors aussi à charger un peu nos batteries. Tant qu’à faire ! On a donc un peu de temps devant nous ; Maria nous emmène faire un tour de sa ferme et confie la pêche aux œufs aux enfants. Ces oeufs, elle nous propose de les goûter et nous prépare une omelette. Elle veut aussi qu’on teste le fromage de sa brebis noire, la saucisse faite maison et le gâteau de Pâques… Il est midi ; on repart avec nos gourdes pleines, des œufs et les estomacs déjà bien pleins !
On quitte la route principale et on passe par Vale Covo. Pendant 25 km, on suit un chemin en crête entouré de vallons de chênes et d’oliviers puis une route minuscule toute neuve. La vue est splendide et on ne croise quasiment aucune voiture.
On arrive au lac de Mina de São Domingos, où l’on se baigne et on profite de la buvette. On avait prévu de camper plus loin car l’étape du lendemain va grimper mais on est bien, alors on reste.
On installe la tente un peu à l’écart au bord du lac. On nous a prévenu de ne pas camper sur l’herbe verte des plages fluviales car vous pouvez être sûrs d’être réveillés par l’arrosage automatique !
Jour 7 : Mina de São Domingos > Alcoutim 40km – Dénivelé 580m+
Il y a une épicerie à Mina, on fait quelques petites courses pour pic-niquer.
En quittant le village, on hésite à emprunter un chemin plus court et plus plat mais à peine indiqué sur la carte. Une fois de plus, on demande aux gens du coin qui nous confirme que ça passe. C’est un chemin de terre qui passe par un minuscule village dans un paysage ocre fabuleux.
Le ciel devient menaçant et une averse nous surprend. On en profite pour faire une pause déjeuner dans un charmant abribus ! On est ravi de pouvoir manger chaud nos oeufs de la ferme. Le paysage change encore : on aperçoit les collines espagnoles de l’autre côté du fleuve Guadiana.
On s’arrête une petite heure dans un café à la frontière espagnole pour charger ma batterie et manger une glace avant de se taper la fameuse montée de l’autre côté du fleuve. En redescendant sur Sanlúcar de Guadiana, il se met à pleuvoir et la ville est déserte. On espérait profiter de notre bref passage en Espagne mais tout est fermé. On s’est même demandé si le bac qui devait nous ramener au Portugal allait passer…
Ce soir, on dort à l’hôtel d’Alcoutim, dont on ne profitera malheureusement pas de la piscine au bord du fleuve. Ils ne font pas non plus de service de lingerie express… Heureusement il y a une petite marina avec une machine à laver.
Jour 8 : Alcoutim > Azinhal 34km – Dénivelé 350m+
Ce huitième jour sera celui de la loose ! On descend tranquillement le long du fleuve Guadiana en craignant la pluie. On s’arrête déjeuner au Paisagem do Guadiana Turismo Rural quand on la sent vraiment trop proche ! On quitte la route après Foz de Odeleite et on emprunte un chemin caillouteux qui suit la rivière du même nom.
On a promis aux enfants d’aller faire de l’accrobranche au Parque Aventura de Castro Marim. Une fois sur place, le site a l’air tout neuf mais aussi définitivement fermé… Juste avant, le porte bagage de notre fille s’était décroché puis notre fils a chuté et s’est blessé le genou. L’accrobranche tombe à l’eau et en voulant rejoindre la route, on galère vraiment dans une montée pleine de cailloux, je dois faire descendre les enfants du vélo, décrocher le vélo et pousser le cargo… En plus de ça, il va pleuvoir cette nuit, on ne veut pas camper et on doit trouver un plan B.
C’est ce plan B qui va justement sauver notre journée. On trouve une chambre à Azinhal parmi les casas do Palheiro velho. L’accueil est charmant, le lieu aussi. Il y a plein d’animaux, dont des petits poussins qu’on va littéralement sortir de leur coquille. On adore.
Jour 9 : Azinhal > Praia do cabeç0 21km – Dénivelé 125m+
On rejoint le littoral et on retrouve la circulation, l’urbanisation et l’agitation. C’est un peu un choc. On avait prévu une étape courte pour profiter de la plage mais le temps ne le permet pas vraiment.
On déjeune à Vila Real de Santo António, où l’on rejoint la voie cyclable littorale d’Algarve. On traverse Monte Gordo et ses bateaux de pêche colorés.
On se trouve un coin dans la pinède pour camper et dîner entre praia do Cabeço et praia Verde. On est pas mal.
Jour 10 : Praia do cabeç0 > Cabanas 18km – Dénivelé 100m+
On continue sur l’ecovia litoral do Algarve. On déjeune à Cacela Velha. Le village fortifié est charmant et au pied de ses remparts, la péninsule de Cacela forme un lagon aux eaux turquoises. On se serait bien baignés ! Ce soir, on dort et dîne à l’hôtel au Cabanas Park Resort.
Jour 11 : Cabanas > Oeiras 19km – Dénivelé 110m+
C’est déjà la fin de notre périple. La piste cyclable de Tavira passe par les marais salants. C’est charmant mais il y a un problème qui n’est pas signalé : le pont en bois qui passe au dessus de la rivière Almagem est tout défoncé et barricadé… On a le choix entre : rebrousser chemin et faire un détour de 5km par la nationale… ou traverser ce foutu pont tout branlant. Heureusement, on croise un autre cycliste qui n’hésite pas à traverser et qui nous aide à faire passer nos vélos par dessus les barrières.
On doit attraper un premier train à Tavira puis un second à Faro jusqu’à Lisbonne, gare d’Oriente. De là, on rejoint la gare de Cais do Sodré pour reprendre la ligne de Cascais. On est chez nous, heureux et fiers de cette belle aventure.
J’espère que ça vous a donné envie ! Dans l’article suivant, je présente le trajet précis avec les cartes et dans celui d’après, je vous donne toutes nos astuces pour l’organisation d’un voyage à vélo avec des enfants. Et la vidéo du voyage est aussi en ligne !
2 réflexions sur “Le Portugal à vélo avec des enfants : Alentejo et Algarve par la frontière espagnole”